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Une nuit comme les autres, ou presque. Cela faisait des heures que j’attendais la venue de mon père dans ce couloir puant de l’hôpital de Gotham, et je ne le voyais pas arriver. Pas plus qu’un de ces foutus médecins qui me laissait dans le doute de savoir ce que pouvait bien avoir ma mère… Si je pouvais mettre la main sur la personne qui…

« Arrrrrête Kasey tu m’fais bobo !! »

Mes yeux se posèrent sur la propriétaire de cette voix, Madison, ma toute petite sœur, et ma main fichée sur son bras de bébé qu’elle tentait vainement de retirer. Je ne m’en était même pas rendu compte, mais le simple fait de m’énervé avait suffi à ce que je resserre mon étreinte. La pauvre, je lâchais son bras tout en m’excusant, réajustant sa position sur mes genoux.
Presque tout le monde déteste les hôpitaux, moi je m’en fiche, ou en tout cas, je les déteste moins que les morgues ou les cimetières. Quand on dit ça aux gens en général ils se rangent à votre avis. Ou alors se contentent de la fermer n’ayant rien d’autre à dire. Mais là, je commençais à détester cet hôpital… Elle va s’en sortir, il le faut de toute manière, et même si j’en étais moi persuadée j’avais besoin qu’on me le confirme. Au lieu de ça, ils me faisaient lanterner aux urgences en me posant des questions plus débiles les unes que les autres. Je ne pouvais pas m’empêcher de repenser au soir où nous sommes venus chercher Billie ici, mon autre sœur. Rien que cette image d’elle prisonnière à moitié consciente de ce lit blanc me glaçait le sang à nouveau. Que pouvait-il bien lui faire ? Ils n’avaient pas l’air rassurés, tu m’étonnes. Les hémorragies internes et externes, avoir tellement peur qu’on est incapable d’émettre le moindre son, mourir techniquement dans l’ambulance, tout ça ce n’était pas encourageant quand il s’agissait de l’état d’une seule et même personne.

Billie n’est pas plus à l’aise que moi, assise sur ce banc, elle joue avec ses doigts comme une enfant apeurée qui se remémore de mauvaises choses. Derrière elle apparut alors le chirurgien qui m’avait parlé tout à l’heure. Il porte encore son bonnet et son masque sous le menton, il a l’air préoccupé.

« Mademoiselle Da Costa ? »

Je me levais et posait instinctivement Madison sur les genoux de sa sœur, je sentais que la suite ne me plairait pas, je le savais. Malgré le fait qu’il me dise que ses jours n’étaient plus en danger, la liste de ses blessures qu’il énuméra par la suite me laissa littéralement sans voix, sans la moindre volonté d’expression. J’entendis derrière moi une voix essoufflée que je connaissais s’adresser à Billie, je me retournais alors vers lui, les poings et la mâchoire serrés, le regard froid et plein de haine. C’était à cause de lui tout ça, comme souvent et comme beaucoup de choses, ce qui nous arrivait en mal était toujours sa faute… Sans lui adresser le moindre mot ou même saluer le chirurgien je quittais l’hôpital, mon vieux sac de sport sur l’épaule. A l’extérieur, je me dépêchais de trouver un endroit calme où me changer, j’avais besoin d’air, besoin de me défouler sur quelque chose et je ne connaissais pas meilleur remède que celui-ci.
Après avoir enfilé ma combinaison noire, je planquais dans le coffre de la voiture de mon père mon sac avec mes vêtements, une chance que ses réflexes de criminels aient parfois raisons de ses habitudes et que la voiture n’était pas garée à la vue de tout et de tout le monde.

Je m’élançais alors plus pour dire de me vider de mon énergie en courant que pour m’éloigner d’ici, bien que la tentation fût grande. Le temps passait, je ne trouvais rien à me mettre sous la dent, un vendeur à la sauvette, un dealer du dimanche jusqu’à arriver près de chez moi où les cris d’une jeune femme, couvert par l’aboiement perpétuel de l’homme qui la trainait en lui sommant de se taire attirèrent mon attention. C’était exactement ce dont j’avais besoin. Je les pris en chasse jusqu’au cinéma attendant le moment opportun pour pouvoir fondre dessus, descendant l’un des escaliers de service d’une ruelle. Je fus coupée dans mon élan par une masse sombre qui tomba les deux pieds sur le type en laissant la fille prendre la fuite.

« La prochaine fois, tu demanderas gentiment à la dame si elle veut venir avec toi. Et si elle refuse... passes ton chemin. »

Faute d’autre chose, j’aimais bien sa façon de faire, surtout de reprocher ses torts à ce type, ça me rappelait quelqu’un étrangement… Ah oui ! Moi. J’esquissais un sourire à cette réplique même s’il venait de me chiper sous le nez ma cible pour le coup. Il finit par l’assommer avant de se tourner dans ma direction, m’aurait-il repéré ? Non il retourna à sa besogne, il devait sûrement avoir compris que quelqu’un se tenait dans les parages mais pas où précisément. C’est alors que là, juste en dessous de moi, un type fit son apparition, il tenait une arme à la main et ouvrit le feu sans hésiter sur l’homme au costume qui se précipita au couvert le plus proche. Profitant de cela et surtout du bruit, je me laissais retomber derrière le tireur qui venait de s’agripper le bras. J’armais ma jambe pour venir frapper du talon derrière le genou de ce dernier l’obligeant à se laisser tomber, avant de lui en infliger une seconde circulaire en travers de la tête afin de le mettre hors d’état de nuire. D’habitude, je me serais attardé sur le fait d’avoir ou non frappé trop fort, là, j’avais frappé juste assez pour me sentir un petit peut mieux et me sortir de la peau de Kasey Da Costa et ses problèmes pour rendosser celle de Velvet Sky. Je poussais du pied son arme plus loin avant de me pencher vers son bras sanglant où était fiché un shuriken. Je l’observais un moment avant de détourner mon regard au profit de la poubelle où j’avais vue l’homme en rouge et noir se réfugier.

« Je crois que ceci t’appartient je m’trompe… ? »