La porte grinça, avant même que Ginny n'eut le temps de se retourner, des mains glaciales vinrent enserrer sa nuque. C'est le souffle court qu'April termina cette phrase, les Gemma n'avaient pas cessé de faire leurs apparitions cette nuit, des escaliers craquants, des enfant pleurants, sa mère criant, tout ça ne sortait que de son imagination, elle le savait bien. Les Gemma comme elle aimait les appeler concernaient toutes les hallucinations auditives qu'elle percevait. La schizophrénie n'était pas une maladie de tout repos et si April en avait appris quelque chose, c'est qu'il fallait mieux rester cloîtrer chez soi plutôt que de se donner en spectacle. Elle ferma son ordinateur brusquement avant d'avaler son médicaments, les neuroleptiques lui donnaient un peu de répit même si la maladie était toujours présente. Cela faisait plusieurs jours qu'elle n'était pas sortie de chez elle, son congélateur était complètement vide ce qui indiquait qu'elle n'allait pas tarder à devoir faire les courses. Elle soupira, elle aimait de moins en moins cette ville, la peur ne la lâchait jamais lorsqu'elle mettait un pied dehors. Ces délires paranoïaques ne l'aidaient rien.

Passant délicatement sa main sur sa nuque, elle réfléchit à ce qu'elle pourrait bien se faire à manger. Un autre soupir vint accompagner sa réflexion, mais cette fois-ci il ne sortait pas de sa propre bouche. " Ma pauvre avec tout le fric que tu te fais t'as rien à bouffer !" April ferma les yeux cinq secondes, ces voix elle avait appris à les dompter, au final grâce à elle, elle se sentait moins seule. La brunette se pencha sur l'un des tiroirs, une unique boîte de soupe à réchauffer trônait fièrement sur la première étagère, elle la saisit et pris également une casserole.

Elle alluma le gaz à l'aide d'une allumette, des sirènes de polices retentirent, comme d'habitude...Son esprit voguait ailleurs, elle devait avoir boucler son nouveau roman dans deux semaines et cela faisait plus d'un mois qu'elle n'avançait plus. Malgré ce que l'on pourrait penser, être écrivain demandait beaucoup de travail, surtout lorsque vos précédents livres marchaient bien, il ne fallait pas décevoir son public.

Pour éviter la notoriété due à ses livres, la jeune femme les publiait sous un faux nom "Gemma Lewis". Cela lui évitait également de ne pas être prise au sérieux dû à son jeune âge et à son physique avantageux. Ses parents lui avaient toujours appris à se battre pour les valeurs en lesquelles elle croyait. Ils avaient été derrière elle dès qu'elle leur avait parler de l'envie de faire une année sabbatique pour se consacrer à l'écriture. Finalement vu le succès qu'avait remporté son premier roman, elle avait continuer dans cette voix même si ses parents eux avaient décidé de déménager en Europe. April se trouvait aujourd'hui bien seule mais elle se voyait mal quitter Gotham.

Elle connaissait presque toutes les rues par coeur, pour y avoir passé toute son enfance et elle se souvenait aussi de chaque muret sur lesquels elle s'asseyait pour inventer ses propres histoires. C'est de là que lui venait la passion de l'écriture, n'ayant pas beaucoup d'ami durant sa jeunesse, elle avait appris à voyager à travers son imagination. Un stylo et un carnet à la main, elle traversait Gotham, tous les jours se ressemblaient sauf un seul, le 22 septembre 2001, ce fût la première fois qu'elle entendit une voie dans sa tête. Toute sa famille tenta de trouver une explication mais ils n'en trouvèrent aucune. Ses parents avaient choisie de la faire suivre par un psychologue pour être sûre qu'elle apprenne à bien gérer sa maladie. Ils ne changèrent jamais envers elle, après tout, elle restait leur petit trésor et la schizophrénie ne l'avait en rien changé si ce n'est qu'elle devenait apeurée par le moindre changement.

Ses relations sociales n'avaient rien de grandiose au lycée, c'est seulement lorsqu'elle entra en fac pour avoir une licence en littérature qu'elle commença à avoir de réels amis. Elle avait toujours eu beaucoup de mal à accorder sa confiance, aussi, ses relations avec les hommes étaient plutôt tendues. A 28 ans, April n'avait toujours pas connu l'amour, le vrai, avec un grand A. Cela lui restait encore totalement inconnu.